Les traitements

Traiter le cancer, ce n’est pas seulement répondre à une maladie par un protocole. Il s’agit pour les spécialistes de trouver la meilleure conciliation entre les priorités de vie du patient d’une part et les moyens thérapeutiques à disposition d’autre part.

Pourquoi traiter ?

Si l’objectif premier de tout professionnel de santé est de guérir le malade, le cancer reste une maladie complexe qui, selon sa forme et son agressivité, peut plus ou moins résister aux traitements.

On distingue ainsi plusieurs objectifs :

Dans tous les cas, on vise à faire regresser la maladie ou à la stabiliser le plus lontemps possible, afin :

  • D’augmenter l’espérance de vie du malade par une stratégie thérapeutique efficace
  • De préserver sa qualité de vie en limitant les conséquences de la maladie (ex. : douleur).

Dans certains cas, on peut attendre une rémission, c’est-à-dire une amélioration de l’état du patient, qui peut être :

  • Partielle si les traitements ont permis de faire reculer la maladie, la maintenant à un état moins avancé qu’initialement
  • Complète s’il ne persiste aucun signe détectable de la maladie sur les plans clinique, biologique ou radiologique.

On considère en effet qu’au-delà de 5 ans de suivi, le risque de rechute décroit drastiquement et devient négligeable. Les risques de réapparition du cancer sont minimes et ne justifient plus dès lors une surveillance particulière.

On parle de guérison lorsque plus aucun signe de maladie n’est détecté à l’issue d’une période de 5 ans de suivi du patient après fin des traitements.

Décider du meilleur traitement

Le choix du traitement repose sur une prise en compte globale de la situation : caractéristiques de la maladie, effets secondaires des traitements, mais aussi considération pour le malade dans toutes ses dimensions (personnelle, professionnelle, sociale…) sont autant d’éléments sur lesquels les spécialistes fondent la décision.

Le choix du traitement n’est pas l’affaire exclusive d’un médecin, aussi qualifié soit-il. Afin de garantir la meilleure efficacité de la prise en charge, chaque cas de cancer est étudié en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

Une RCP réunit un ensemble de professionnels de santé de différentes disciplines : cancérologues, chirurgiens, radiothérapeutes, pharmaciens... Ils procèdent collégialement à une étude approfondie du dossier médical du patient (analyses biologiques, imagerie, antécédents médicaux...), discutent, argumentent et mettent leurs compétences en commun afin de convenir de la stratégie considérée comme la plus efficace.

La situation personnelle du patient (vécu, mode de vie, projets…) entre également en ligne de compte dans le choix du traitement proposé. Car à maladie équivalente, le meilleur traitement pour un patient n’est pas forcément le plus pertinent pour un autre. On optera ainsi, dans un cas, pour un traitement radical aux effets secondaires lourds, mais au taux de réussite élevé ; dans un autre cas, on privilégiera une option thérapeutique moins forte nécessitant plus de surveillance ultérieure, mais dont l’impact sur la qualité de vie est moindre.

Si la discussion en RCP est obligatoire pour la prise en charge de chaque nouveau cancer, sa conclusion reste quoi qu’il en soit une proposition de traitement que le médecin présente au patient en lui exposant tous les enjeux (modalités de traitement, effets secondaires...).


Un programme de soins adapté à chaque patient

Le maintien d’une relation de confiance et d’un dialogue permanent avec les aides soignants est fondamental tout au long de prise en charge de la maladie.

Une fois la décision posée et le traitement accepté par le patient, le médecin lui expose et remet un programme personnalisé de soin (PPS), regroupant :

  • Les modalités concrètes de mise en œuvre de la stratégie thérapeutique (nature, dates et lieux des différentes étapes du traitement, objectifs, bilans et comptes rendus…)
  • Les mesures particulières à prendre pour prévenir ou faire face à tout événement inhabituel survenant en cours de traitement (ex. : éducation thérapeutique autour des interactions médicamenteuses, du régime alimentaire…)
  • Les informations relatives au suivi social (plan d’aide sociale, coordonnées de l’assistance sociale…) et à l’anticipation de l’après-cancer (retour à l’emploi…)
  • Les contacts des professionnels concernés dans le cadre de la prise en charge

Sur la base de cette information, le patient peut faire part au médecin de sa volonté d’adhérer totalement ou partiellement au projet proposé.

La prise en charge clinique

Le traitement du cancer n’est pas unique, il regroupe un ensemble d’approches très variées. On proposera par exemple, à certains patients, des traitements lourds visant à enrayer l’agressivité du processus de développement de la maladie. D’autres patients pourront recevoir un traitement plus léger s’ils souhaitent préserver leur qualité de vie.

Les traitements de référence

La lutte contre la maladie s’organise autour de trois principaux modes d’action thérapeutique, dont l’efficacité est reconnue et qui font par conséquent l’objet de recommandations par les autorités de santé nationales et internationales.

La chirurgie

L’intervention chirurgicale est la forme la plus ancienne de traitement du cancer. Utilisée dans 80% des cas, elle est encore aujourd’hui le premier traitement proposé aux patients.

Objectifs

  • Retirer la tumeur, les tissus et ganglions potentiellement atteints, ainsi que les éventuelles métastases. Selon le type de cancer et son stade d’avancement, la chirurgie peut être utilisée seule ou combinée à la chimiothérapie et/ou la radiothérapie.
  • Utilisés après la chirurgie, ces traitements dits adjuvants visent à éliminer les cellules cancéreuses qui seraient encore présentes dans l’organisme de façon à limiter le risque de récidive.

En pratique

L’intervention est réalisée sous anesthésie générale (vous êtes complètement endormi) ou locale (seule la zone d’intervention est insensibilisée). Le type d’intervention et la technique utilisée sont adaptés à chaque situation particulière.

La chimiothérapie

La chimiothérapie consiste en l’administration d’un ou plusieurs médicaments qui agissent contre les cellules cancéreuses soit en les détruisant, soit en les empêchant de se multiplier.

Objectifs

  • Eliminer les cellules cancéreuses présentes dans l’organisme
  • Réduire la taille d’une tumeur avant une opération chirurgicale
  • Limiter les risques de récidive après une intervention chirurgicale
  • Traiter des localisations secondaires de la tumeur

En pratique

La majorité des médicaments de chimiothérapie est administrée par voie intraveineuse sous forme de perfusions, à l’hôpital. Dans certains cas, la chimiothérapie peut être injectée en intramusculaire ou sous-cutané, soit directement dans la tumeur ; ces solutions permettant un temps de présence réduit à l’hôpital. Mais de plus en plus, elle se développe sous forme de comprimés qui peuvent alors être pris à domicile.

Le traitement par chimiothérapie est administré au cours de cycles (ou cures) sur plusieurs jours. La chimiothérapie s’accompagne souvent d’effets indésirables dont l’intensité peut varier mais dont la prise en charge est définie en amont. La durée du traitement par chimiothérapie dépend de son efficacité et de sa tolérance mais s’étale habituellement sur plusieurs mois.

La radiothérapie

La radiothérapie est un traitement locorégional des cancers. Elle consiste à utiliser des rayonnements (on dit aussi rayons ou radiations) pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier.

Objectifs

  • Eliminer les cellules cancéreuses présentes dans l’organisme
  • Comme la chimiothérapie, la radiothérapie peut être réalisée avant une opération chirurgicale pour réduire la taille de la tumeur et ainsi augmenter les chances de retirer toutes les cellules cancéreuses
  • Ou après, pour détruire les éventuelles cellules cancéreuses restantes

En pratique

Les rayons sont émis par un appareil pendant que vous êtes allongé, sans bouger, sur une table. Les séances durent quelques minutes seulement et sont répétées sur plusieurs jours. Au préalable, la zone exposée a été définie très précisément par scanner, de façon à ne cibler que la tumeur et à épargner les tissus sains.

La dose de rayons à administrer, le nombre et la fréquence des séances sont déterminés en fonction du type de cancer, de la taille de la tumeur et de sa localisation dans le corps.

Les techniques de ces traitements de référence ont évolué. Avant, on traitait tout l'organe. Aujourd'hui, en chirurgie comme en radiothérapie, grâce aux appareils en 3D, on ne traite que la tumeur et on préserve l'organe. La chimiothérapie fait aussi beaucoup de progrès, notamment avec le développement de la voie orale, qui permet d'éviter l'hospitalisation. Et si les effets secondaires sont toujours présents, on essaie de les réduire au maximum. Par exemple, le port d’un casque réfrigérant peut donner de bons résultats pour prévenir la chute des cheveux.

Les nouvelles thérapies

Depuis quelques années, la recherche s’oriente vers le développement de traitements personnalisés du cancer et est marquée par des évolutions majeures :

  • Les thérapies ciblées qui, sur la base d’une meilleure connaissance du profil biologique du patient et de la génétique des tumeurs, agissent contre des mécanismes très spécifiques du cancer. On ne traite plus une tumeur mais votre tumeur, avec ses spécificités.
  • L’immunothérapie, qui consiste à restimuler les défenses naturelles de l’organisme contre le cancer
  • L’optimisation des combinaisons entre les différentes armes thérapeutiques (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, nouvelles thérapeutiques)

Ces nouvelles approches permettent dès aujourd’hui de proposer une option de soin supplémentaire aux patients dont la maladie résiste aux traitements classiques (impasse thérapeutique). Elles sont accessibles ‘en routine’ pour certains cancers ou dans le cadre d’essais cliniques.

Dans l’avenir, ces nouvelles thérapies pourraient devenir les traitements de référence de demain, avec des bénéfices notables pour le patient en termes d’efficacité et de réduction des effets secondaires.

Peut-on décider de ne rien faire ?

Ne rien faire est une possibilité lorsque :

  • Le cancer ne semble pas être (ou peu) évolutif
  • Le patient est particulièrement âgé ou affaibli
  • Les effets toxiques du traitement surpassent ses bénéfices.

Par exemple, dans le cas du cancer de la prostate, il peut être décidé de renoncer à tout traitement immédiat. Si la maladie ne présente pas de risque évolutif ou d’agressivité particulière, le patient peut être placé sous un protocole de « surveillance active » au cours duquel le stade de sa maladie est régulièrement contrôlé.

En tout état de cause, ne rien faire contre le cancer ne signifie en aucun cas renoncer à prendre soin du malade. Quelle que soit la situation, celui-ci doit bénéficier de soins psychologiques et physiques pour prévenir ou soulager d’éventuels symptômes. A cet effet, un réseau d’intervenants à l’hôpital et en ville s’articule autour du patient pour répondre à ses besoins.

Les soins de support et de bien-être

Si les traitements évoluent vers des techniques moins invasives et plus ciblées, l’attention est également portée aux effets secondaires et à la qualité de vie pendant et après le traitement.

La prise en charge d'un cancer ne s'arrête pas au traitement de la seule maladie. Le traitement du cancer produit bien souvent des effets indésirables sur le corps (perte de cheveux, nausées et vomissements, éruptions cutanées, troubles digestifs, troubles moteurs, douleurs, fatigue…) qui peuvent avoir d’importantes répercussions sur votre vie quotidienne.

Les soins dits « de support » pensent le soin dans sa dimension globale et ont pour vocation de répondre aux besoins qui peuvent survenir pendant la maladie et lors de ses suites, de la prise en charge de la douleur jusqu’à la prise en compte des difficultés sociales, familiales et professionnelles, de la souffrance psychique, des perturbations de l'image corporelle et de l'accompagnement de fin de vie. Ils visent à assurer la meilleure qualité de vie possible au patient, sur le plan physique, psychologique et social. Ils prennent en compte la diversité des besoins du malade ainsi que ceux de son entourage.

Les soins de support font partie intégrante de votre prise en charge et ne sont ni secondaires, ni optionnels.

Aux soins de support constituant le socle de base auquel tous les patients ont accès quel que soit leur lieu de prise en charge (y compris à domicile) peuvent s’ajouter d’autres soins de bien-être dont le bénéfice sur la qualité de vie a été prouvé : activité physique, prise en charge des troubles de la sexualité, socio-esthétique, hypnose, art-thérapie, musicothérapie…